Depuis l'avenue Daumesnil, la rue de Rambouillet descend passer sous les voies ferrées de la gare de Lyon. Plus à l'est, le boulevard de Bercy puis la rue Proudhon seront dans la même situation, faire passer l'obstacle de l'emprise ferroviaire aux véhicules et aux gens, en souterrain.
Sur la descente, la voie n'est pas très large, deux voies plus une file de stationnement. Le trottoir permet tout juste le croisement de deux personnes. Et il longe ce mur interminable qui va grandissant. Aucunes traces d'ouvertures, derrière, c'est plein, la terre. Sauf, peu avant le tunnel, une porte avec l'étiquette d'une firme de restauration dans les trains, peut-être y tient-on là les denrées au frais, au frais de la terre, et un grand portail à deux vantaux dont la peinture part en mille écailles. Celui-ci n'a pas été ouvert depuis des années.
Ensuite, dans le tunnel, on pénètre un univers infernal. La chaussée fait quatre voies maintenant, et sans file de stationnement. Toute cette capacité supplémentaire pour la desserte en souterrain de la gare de Lyon. À la perpendiculaire s'enfonce une rue, rue de Chalon, pas de trottoir, il n'est pas prévu que des piétons s'y aventurent, réservé aux automobilistes et à leurs véhicules. Infernal, à cause de la primauté donnée à la machine, laquelle doit circuler, vite, démarrer sec au feu, partir en trombe, pneus crissant, à cause du vacarme assourdissant qui résonne dans cette caisse et assomme.
Tous les piétons croisés longent les murs, mieux, les rasent.
Deux sources d'éclairage: jaune pour les automobilistes, bleu pour les piétons. Ainsi, lorsqu'ils se croisent, ont-ils l'opportunité de constater ce qu'ils sont, dans un tel environnement, des morts en sursis, ou peut-être déjà des zombies, voire des fantômes, on ne se touche pas on n'a pas l'occasion de vérifier. Les ingénieurs sont fiers de leur trouvaille.