Moscou, mardi 17 avril 2012 en fin de matinée. Venant du métro, station Sportivnaïa, au bout de la rue des 10 ans d'Octobre, sur la gauche surgit l'enceinte blanche garnie de tours carrées et de clochers, du monastère de Novodievitchi. Les tours d'angle sont rondes, c'est le corps qui est blanc, l'assise de pierre grise s'évase, et la partie supérieure est rouge, ajourée, très ornementale. Les tours carrées qui scandent les segments droits ont les mêmes divisions. Les murs sont entièrement blancs. Peints, bien sûr, à ma connaissance aucun matériau ne possède cette blancheur éclatante au soleil.
Des murs fortifiés. Le monastère participait de la défense de Moscou.
À l'intérieur, un chemin dallé fait le tour du domaine. Aller au pied du mur, le toucher, n'est pas aisé, cependant. Des bâtiments s'appuient à la muraille, un chantier de restauration s'étale, ou encore la terre est boueuse, juste après la fonte de la neige.
En un seul point, à droite en entrant, faire quelques pas puis descendre l'escalier de bois, et là, toucher.
L'ouvrage est formidable.
Le chemin de ronde explique les arches, et celles-ci rendent sensible l'épaisseur.
Sur le mur à l'opposé, la peinture s'écaille et laisse apparaître la matière : de la brique.
Le monastère date de bien avant l'époque dela brique industrielle et standardisée. À quoi ressemblent celles-ci?
Que l'ensemble des tours, des remparts, des églises, des bâtiments, tout le monastère, soit confectionné avec de la brique me plonge dans l'étonnement. Combien de centaines de milliers ont été utilisées? Élever des murs en brique, n'est-ce pas un travail de fourmis soigneuses et persévérantes?
Devant l'entrée du monastère, un grand jardin, assez simple dans sa facture. À droite, le terrain est en pente et descend vers la Moscova. Avant la rivière, un grand étang sur lequel on vient patiner en hiver. Depuis toujours.
Entre le monastère et l'étang en contrebas, une promenade.
D'ici, la hauteur du rempart est impressionnante. Il est soutenu par des contreforts. La peinture est partie, l'appareil est à nu, si l'épaisseur est égale, leurs dimensions en longueur et en largeur varient, il semble qu'il y ait des dimensions qui se répètent, qu'il y ait divers modèles, les boutisses aux angles sont particulièrement longues.
Que la peinture blanche, à base de chaux?, s'en aille, avec la pluie?, c'est comme si la chair apparaissait, et il est bon pour la beauté des édifices que cela soit ainsi, c'est l'habit du temps.
Tout à fait étonnant encore, le contraste entre le silence et le calme qui règnent dans l'enceinte du monastère, et le monde autour. Déambulant le long des allées, être surpris d'apercevoir les deux derniers étages d'un immeuble d'habitation
(je ne parle pas des tours de Moskva-City, elles sautent aux yeux dans la descente vers la vallée, et d'une certaine façon elles partagent avec celles du monastère le même désir d'élévation, vers Dieu pour les unes, vers Veau d'or pour les autres)
le profane et l'ordinaire presque grossier d'un immeuble laid!
Le sentiment d'éternité dégringole.