Sous le Grand Couvert nord,
Couvrent les beaux arbres, marronniers d'automne, toujours les premiers à roussir et s'effeuiller, allégeant progressivement l'atmosphère jusqu'à la nudité et les frissons de l'hiver,
Assis sur un banc de bois du côté nord du rectangle, à mi-chemin entre Esplanade des Feuillants et Grande Allée,
Le jardin des Tuileries est un lieu est si historique qu'on donne de la majuscule à tout ce qui le compose,
Ci-devant le premier parterre de pelouse, venant de l'ouest,
Avec Personnage III, de Étienne-Martin.
En voici la photo reprise de l'inventaire (note 372).
Combien de fois l'oeuvre est encadrée!
Assis sur le banc du côté nord du rectangle, c'est-à-dire placé sur l'alignement des arbres et de ce banc placé entre deux: c'est la première ligne, le pourtour des arbres, celle qu'on voit d'habitude comme le cadre vertical, l'isoloir, des oeuvres exposées.
Puis une bande d'un mètre (100 centimètres) de sol des Tuileries.
Là, une cordelette court de piquet en piquet tout autour du rectangle.
Encore un espace de vingt centimètres.
Puis la lame de plastique noir destinée à empêcher la pelouse de se répandre.
Déjà cinq lignes d'encadrement!
La pelouse maintenant: elle est confectionnée comme un cadre entourant l'oeuvre, en relief. D'abord un plan incliné qui, d'ici, monte, puis un plateau, puis la descente vers le bassin de pelouse, la plaine. Montée, plateau, descente: la forme est très géométrique. Aucune irrégularité. C'est qu'elle est contenue, là encore, par des lames de plastique noir. D'ici, je les vois affleurer, entre la montée et le plateau.
En tout, cela fait NEUF lignes de séparation entre les badauds et la plaine de gazon.
Et les oiseaux y sont neuf fois en sécurité.
Un geai sautille, des ramiers picorent, des bisets somnolent au soleil.
L'anima.
Les III Personne(s) ne sont pas placées au milieu du tableau, mais au milieu de la moitié est.
Plus près du café, de ses tables, où conversent à l'aise des visiteurs qui goûtent du plaisir d'être là.
Cette disposition asymétrique, par effets de contraste, étend la plaine et les trois bronzes s'élèvent.
Ils reposent à ras de sol.
Ils ne sont pas si bas qu'ils disparaitraient insignifiants devant les arbres qui leur donnent le fond.
Plus hauts, ils auraient été énormes et monstrueux.
Ainsi, leur taille est en telle proportion avec les arbres que l'ensemble produit l'image de l'écrin.
Il est néanmoins dommage que l'on ne puisse s'approcher pour mieux comprendre la composition de ces formes.
Une pie court.
Une camionnette soulève un nuage blanc.
Deux pies maintenant.
Toujours les ramiers.
Un corbeau a fait un piquet admirable.
Cette succession d'encadrements, emboîtés, certains à peine perceptibles et néanmoins ordonnant l'espace, à la fois éloignent, distancient, la chose à voir, l'oeuvre, et dans le même temps la présentifient. Ils l'isolent, ce faisant pointent l'attention sur elle et disent "voyez".
Mais l'oeuvre est statique, on a beau dire, les volatiles disent la vie, la joie de vivre cette belle journée. Encore une.
Avant de partir, saluer Cérès.