C'était vendredi dernier, le 17 juin, en fin d'après-midi. Je suis sorti pour aller dîner rue Blomet. Je croiserai Lecourbe à la hauteur de la bibliothèque. Je remonte donc la rue Péclet. Quand je débouche sur Lecourbe, surprise!, du monde en face, autour du monument aux morts.
Directement au tour, les anciens combattants et leurs drapeaux.
En retrait, alignés, les officiels.
Les politiques : le maire, le député, des adjoints.
Les représentants des corps : l'aviation, la police.
C'était le moment du dépôt des gerbes.
Ils sont montés à trois pour une petite, l'officier la porte, les deux la touche du doigt, le député est distrait par ses pieds.
Un policier en grand uniforme est raide et immobile comme un piquet, regarde droit devant soi.
Il n'y a pas foule, l'assistance ne déborde pas sur la chaussée, elle est surtout endimanchée. Le peuple bas de gamme est rare.
Ont suivi les moments du recueillement. La minute de silence, les drapeaux sont inclinés, puis une artiste, accompagnée par la fanfare blanche, a entonné vigoureusement dans le microphone la Marseillaise.
La voix fut vibrante. Cela a transcendé la tenue civile estivale. Le monde autour attentif, l'émotion monte. Une jeune mère de famille, deux moufflets au pieds, a le visage grave, c'est la France.
Puis ce fut le Chant des partisans.
Applaidissements.
Après quoi, la fanfare a fait mouvement, ce fut le moment de la parade, sur le parvis de la mairie.
Une fois installée, sur le côté, est arrivée la procession des anciens combattants et des drapeaux. Ouverte par un monsieur coiffé d'un fez. Des uniformes, des médailles.
Les officiels étaient alignés sur les marches de la mairie.
Les AC étaient alignés en face, à 50 mètres.
L'espace vide qui montre qui est qui.
Le député s'amuse. L'adjointe regarde émerveillée le jeune commissaire. Le maire a le visage fermé. Emprunt de dignité forcée. Dans quelques instants, il va ouvrir la marche des cinq qui traverseront ce vide et viendront complimenter les AC. Il pointera droit dans les yeux le premier de l'alignement, avec ce visage grave digne et respectueux de qui va rencontrer l'Histoire.
Je suis reparti dare dare pour ne pas être en retard.