Mercredi 10 février 2010.
Au bout du pont, sur l'île, côté aval, un escalier descend du quai de Bourbon vers la berge. Dans l'échiffre, une porte. Celle qui était autrefois bien murée, enduite, lissée - on voyait qu'il y avait là une porte aux deux marches, aux pierres taillées pour dessiner des piédroits, à l'arc et sa clef de voûte.
L'obturation a été défoncée, abattus, gravats retirés, il ne reste qu'un bout juste au-dessous de la voûte - je me demande comment ça tient.
À la place maintenant, une fermeture bricolée, mais avec du matériel récupéré. Il y a d'ailleurs des planches appuyées au mur, autour, une palette, une chaise, deux boîtes qui pourraient être des boîtes à outil, ou alors de transport d'animaux de compagnie.
Évidemment, cette installation n'est pas officielle, c'est une "invasion", une "occupation spontanée", bref des gens sans toit se sont installés là et j'espère qu'ils n'ont pas trop froid.
Il est 9h45, il n'y a personne, soit ça dort, mais je ne pense pas, soit ça erre quelque part dans Paris, pour aller chercher à manger et vivre.
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La deuxième photo a été prise le soir, quelques jours auparavant en fait.
Le tableau est paisible.
Un homme est debout, dehors, à l'écart de la porte. Il a les mains dans les poches.
Dans l'encadrement de la porte une autre silhouette s'affaire sur une lampe.
Autour, sur la berge, au ras du perré, des chiens jouent.
Ce bas du pont n'est pas tout à fait dans l'ombre, puisque l'éclairage assez vif du passage sous le pont commence juste là, tout comme l'ornementation lumineuse de l'ouvrage. Non, même au plus fort de la nuit, l'endroit n'est pas dans l'ombre.
Il est même trop sous la vue.