Vendredi 16 janvier 2001.
Le fleuve vire à gauche juste après le pont.
Depuis le milieu du pont, orienté perpendiculairement au parapet, le regard rencontre la halle sud du Grand Palais.
D'ailleurs la coque du gros navire tend à disparaître, maintenant, derrière les arbres du Cours la Reine.
Seule la pointe du lanterneau dépasse franchement.
Au-devant, timidement, celui du Petit Palais.
La ligne des arbres écrêtés est définitive, détermine sans ambages des sommets, et un monde de l'ici, éventuellement de l'entre leurs troncs.
Plus loin, des grues de chantier.
À gauche, le pont Alexandre III, ses groupes, torches dorées du lieu. Pont de l’art du métal, Alexandrite traverse la Seine d’un seul pas.
Les culées, qui commencent à la berge même, sont percées de deux tunnel routier à gauche, d’un tunnel piétonnier, à droite (le reste étant aménagés en espace d’exposition, bureau d’architecture - mais çà on ne le voit pas d'ici, il faut le savoir par ailleurs).
Dans le jour de l’arche, les piles du pont des Invalides.
Le plafond nuageux est très bas.
Le sommet de la Tour disparaît.
Chaillot est informe dans la brume.
Le port de la Concorde, avec sa darse, accueillante au bateaux voyageurs.
Trois navires ont une proue effilée, destinée à fendre les eaux.
Le groupe équestre élevé, de Albert Premier, Roi des Belges, du bout du Cours, veille sur lui.
Sur la rampe venant vers ici sous le pont, des voitures stationnent, et souvent un peintre d'Extrême-Orient reporte sur sa toile le spectacle des navires à quais, de la Tour dans le lointain.
Autour du roi, et derrière, c'est le bosquet du bas des Champs-Élysées.
La place de la Concorde et tout le monumental qui l’entoure lutte avec peine contre la marée automobile qui les rabaisse au statut d'obstacles, au mieux de faire-valoir.
La roue fait kitsch entre les lampadaires à lyre.
La rive gauche est un entrelacs d’arbres et de palais d'État. Des drapeaux flottent par-ci par-là au noroît.
Une rampe descend du quai d’Orsay pour rejoindre la voie sur berge.
On sait qu’une route est la plupart du temps vide ; elle attend celui qui doit passer, il passe, elle est vide à nouveau.
Tout cet espace vide pour permettre à l’un d’aller très vite et seul à destination.