Mirabeau, lundi 12 février 2001. Rendu sur le pont à 9h55. Le milieu du pont est aisé à trouver : il suffit de repérer la bande d'asphalte plus foncée avec quelques cailloux qui pointent des rondeurs blanches et orangées sur la chaussée, ou un pailletis de gris bleu aplati sur le trottoir. C'est le milieu du pont, là où les deux lancées sont nouées par une clef que dissimule aux regards depuis le fleuve ou depuis les berges un écusson de la Ville de Paris.
La lisse du garde-corps est couverte d'inscriptions au marqueur. Signes cabalistiques, dédicaces amoureuses, grossièretés. Il n'y en a que là, en cette partie médiane, affirmer, crier au milieu du pont, au milieu du fleuve, affirmer au fleuve, à la ville, au monde entier, parce que le milieu du pont est au milieu du monde, c'est-à-dire nulle part, ou encore le plus loin possible de la terre ferme, du monde des autres.
Jusqu'à Grenelle, le port de Javel Haut est occupé par la Compagnie des bateaux à roue qui aligne trois vaisseaux: le «Mississippi», le «Tennessee» et le «River Palace». Ensuite viennent les «Yachts de Paris», puis «La Plage Parisienne», la Fédération des Industries Nautiques. En fin la société Intens propose également des «Croisières fluviales».